A Propos
L’œuvre d’art public ne vise pas seulement à être exposée, mais à s’intégrer dans l’aménagement urbain ou paysager. Ma démarche est un héritage librement approprié de l’esprit du Bauhaus, dans lequel la créativité individuelle s’enrichit par la réflexion collective, puis se réalise dans le possible de la technique : elle est émer-gente. Mon intervention est finalement un paraphe légué au site.
Je travaille essentiellement sur les sols, « l’épiderme sensible de la ville » (1)
En premier terme, c’est offrir une perception particulière de l’art et de l’artiste, on peut marcher sur mes œuvres , s’y asseoir. Un sol d’art public n’est cependant pas un simple spot urbain, c’est un ensemble unitaire qui considère tout ce qui affleure et s’en élève. Ainsi, selon le site, l’espacement de lignes structurantes peut être le codage d’un thème musical ; mais ce sont parfois les banales grilles d’arbres réinvesties et récréées comme une suite de bas-reliefs de fonte, le mobilier urbain ou la signalétique, une balustrade de graphismes métalliques de pleins et de vides, qui tous oublient leur statut fonctionnel et sont les repères contemporains d’un lieu unique.
Je n’utilise que des matériaux minéraux ou métalliques dont la texture et l’aspect sont aptes à l’insertion dans l’ensemble urbain ou paysager.
Ma démarche est toujours le résultat d’un processus de maturation à partir d’explorations et d’enquêtes sur le site, de recherches d’archives et de témoignages. Non la trace pour la trace, ce qui serait alors du domaine de l’historien ou de l’archéologue, mais comme une libre interprétation de strates mémorielles.
L’esprit de mon travail est alors une construction de rencontres entre une ville et ses habitants, une équipe et une artiste. L’œuvre achevée n’est pas seulement matérielle, elle est la vaste scène de la vie qui se déroule et s’accomplit en son sein.
(1) [Nicolas WIPLIER, Art urbain, Art humain, de pierres et de métal, d’arbres et d’eau. L’Œuvre de Danielle Justes, Certu, 2004].